Hiroto Saikawa, le PDG de Nissan, et Jean-Dominique Senard, le nouveau président de Renault, vont avoir beaucoup de choses à se dire lorsqu'ils vont se retrouver en fin de semaine à Tokyo, où le dirigeant français doit atterrir jeudi. S'ils vont débattre de la refonte de la gouvernance au sein du constructeur japonais, ils devraient également faire le point sur le redressement de la marque nippone qui vient de dévoiler des résultats financiers particulièrement décevants. Présentant, ce mardi, ses projections pour l'année fiscale qui s'achèvera en mars prochain, Nissan (dont Renault possède 43 %), a révélé qu'il avait dû revoir à la baisse la plupart des objectifs de performance qu'il s'était donnés l'an dernier. Sur douze mois, le groupe estime désormais qu'il ne sera plus en mesure de vendre que 5,6 millions de voitures dans le monde. Ce qui représente un recul de 170.000 unités par rapport à ses ventes enregistrées un an plus tôt et 325.000 véhicules de moins par rapport aux espoirs formulés en mai. Sur un an, le chiffre d'affaires va reculer de 3 %, quand son profit opérationnel va fondre de 21,7 % - faisant chuter sa marge opérationnelle sur l'ensemble de l'exercice (avril 2018 - mars 2019) à 3,9 %. Soit le pire niveau enregistré par le constructeur depuis la crise financière. Sur la même période, Toyota, son grand concurrent, devrait générer, lui, une marge opérationnelle de 8,1 %. Deux fois mieux. La catastrophe américainePour expliquer cette contre-performance, Hiroto Saikawa a pointé les grandes difficultés du constructeur sur le marché américain, où il génère normalement près de 40 % de ses profits. Sur les neuf premiers mois de l'année fiscale, les ventes du groupe ont reculé de 8,4 % aux Etats-Unis quand sa part de marché est retombée à 8,2 % contre plus de 10 % il y a deux ans. Sur place, le groupe a souffert du virage du marché vers les pick-up plutôt que vers les berlines et surtout d'une remise à plat complète de sa stratégie commerciale. Après avoir privilégié sous le règne de Carlos Ghosn, la course aux volumes en offrant de généreux rabais à ses clients et en favorisant ses concessionnaires, Nissan a, sous l'impulsion d'Hiroto Saikawa, décidé de redresser sa profitabilité par voiture vendue et a donc remonté ses prix depuis la fin de 2017. Un choc qui s'est traduit par des ventes plus faibles. « Nous sommes en difficulté en ce moment. Il faut changer les habitudes de nos équipes sur place », a reconnu le PDG. « Mais c'est une amélioration fondamentale pour redresser la valeur de notre marque », a insisté le dirigeant qui anticipe encore plusieurs trimestres délicats pour son groupe aux Etats-Unis. Si les ventes de Nissan sont aussi en chute en Europe (probablement -13 % sur l'année fiscale), elles continuent de progresser plus vite que le marché chinois. Sur les trois premiers trimestres, Nissan a écoulé 1,1 million de voitures en Chine, ce qui représente une progression, en glissement annuel, de 7,4 % quand la demande locale n'augmentait sur la période que de 1,6 %. Le groupe se dit particulièrement satisfait de la popularité sur place de son X-Trail et de la berline Sylphy. Pour l'instant, l'affaire Ghosn n'a eu, en elle-même, qu'un impact limité sur les résultats financiers de Nissan. Le groupe a indiqué qu'il avait dû intégrer à ses résultats du troisième trimestre une dépense additionnelle de 9,3 milliards de yens (75 millions d'euros) correspondant aux rémunérations différées que le patron français aurait, selon le groupe, prévu de toucher à son départ de l'entreprise. Provision Carlos GhosnNissan n'a toutefois pas encore décidé si elle verserait à son ancien président, incarcéré depuis le 19 novembre dernier, ces sommes qui font l'objet de deux de ses trois mises en examen au Japon. Le procureur reproche à Carlos Ghosn d'avoir omis de déclarer, pendant plusieurs années, ces paiements différés dans le rapport financier remis chaque année par Nissan aux autorités boursières. « Personnellement, je ne pense pas que nous déciderons de payer cet argent », a soufflé le patron japonais. VIDEO - Au Japon, les cadres et la peur du « syndrome Ghosn »Let's block ads! (Why?) via Économie - Les plus récents - Google Actualités http://bit.ly/2WYIjUj February 12, 2019 at 05:36PM |
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